Depuis quelques années, les bruits de couloirs se font entendre sur une probable mainmise du Maroc sur la Confédération Africaine de Football (CAF). Cette semaine, la légende égyptienne Mido a vivement pointé du doigt ce problème en balançant ouvertement de grosses accusations. La Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) n’a pas tardé à réagir à ces accusions virulentes qui ternissent sans doute leur image.
Les frustrations se font de plus en plus ressentir dans le monde du football africain où plusieurs organes se sentent lésés au détriment des intérêts marocains. Plus récemment, la décision qui a suscité les plus de controverses est la victoire sur tapis vert de la RS Berkane face à l’USM Alger lors des demi-finales de la Coupe de la CAF. La source du problème est un différend politique autour du maillot porté par le club marocain qui est présidé par Fouzi Lekjaa, le président de la FRMF. L’influence de ce dernier a donc déjà été lourdement pointée du doigt par le média algérien La Gazette du Fennec qui n’a pas hésité à le traiter de tous les noms et notamment de « comploteur et corrompu » dans ce conflit.
C’est dans cette chaude ambiance qu’Ahmed Hossam Hussein Abdelhamid, plus connu sous le nom de Mido, a pris la parole pour accuser le Maroc cette semaine. « Le siège social de la CAF se trouve en Égypte, mais les décisions importantes sont prises au Maroc. Ils nous ont laissé le bâtiment de la CAF, mais ils contrôlent toutes les instances du football africain. Tout cela était planifié depuis une décennie », fustigeait entre autres l’ancien attaquant des Pharaons lors d’un podcast. Ces affirmations résonnent encore plus et font poser beaucoup de questions au vue de la multitude de rumeurs qui circulent depuis plusieurs années déjà.
Le Maroc et la CAF, une mainmise réelle ?
Plusieurs médias et investigateurs indépendants soulignent ce problème qui ne semble pas changer depuis des années. En 2021, lors d’un space sur X (ex Twitter) le journaliste Romain Molina déclarait que : « Le Maroc peut faire ce qu’il veut, ils ont une influence énorme à la CAF ! » Un peu plus tôt en 2019, Mustapha Fahmy, ancien secrétaire générale de l’instance dirigeante du football africain, dénonçait une corruption à la CAF qui profiterait au Maroc. La politisation du football par le Maroc est vivement dénoncée et surtout avant même le différend entre l’USM Alger et la RS Berkane dans lequel la CAF s’est rangée du côté du club marocain. Cette décision a aussi fait réagir Romain Molina. « Quelle tristesse ce qui s’est passé depuis 24 heures entre l’USMA et Berkane. La CAF (et la FIFA qui laisse faire) paye sa politisation de plus en plus grande, et qui en pâtit ? Le foot africain, encore », s’est insurgé le journaliste français dans son post sur X. Plusieurs décisions prises par la CAF en faveur du Maroc renforcent la polémique à laquelle une première réponse n’a pas tardé à venir.
La réaction de Lekjaa face aux accusations de corruption
Le président de la FRMF n’a pas attendu longtemps avant d’évoquer publiquement les accusations qui pleuvent sur le Maroc et lui. Et pour sa défense, le patron du football marocain n’a trouvé autre justification que les résultats mitigés de son club et des Lions de l’Atlas sur le plan local comme africain. « Je suis président de la Fédération Royale marocaine de Football depuis 7 ou 8 ans, et si j’avais interféré dans les nominations des arbitres, mon équipe, la Renaissance Berkane, aurait remporté au moins une fois le titre de championnat. Cependant, l’équipe n’a jamais remporté de Botola jusqu’à présent », a d’abord répliqué Fouzi Lekjaa dans un entretien accordé au média OnTime Sports.
Il poursuit ensuite sa défense en ajoutant que : « L’ingérence dans les nominations des arbitres est une culture. Si j’avais ce pouvoir, j’aurais influencé les nominations des arbitres pour l’équipe nationale et le Maroc aurait remporté la Coupe d’Afrique, qu’il n’a pas gagnée depuis 1976, lorsque j’avais 6 ans. Si j’avais pu influencer les nominations en étant âgé de moins de 6 ans, c’est une autre discussion. »
Ces réponses du président de la FRMF ne satisfont surement pas et laissent perplexe. Un conflit politique dans le football est observé depuis plusieurs années notamment entre le Maroc et l’Algérie et le différend des demi-finales de la Coupe de la CAF est loin d’être terminé. L’affaire est portée vers le Tribunal Arbitral du Sport qui doit rendre son verdict dans les jours à suivre.