Le FC Barcelone a annoncé mercredi la nomination d’Hansi Flick comme son nouvel entraîneur pour les deux prochaines saisons. Calme et discret, le technicien allemand prône un jeu alléchant et axé sur l’offensive. Analyse
Né un 24 février 1965 à Heidelberg, Hans-Dieter Flick de son nom complet a démarré sa carrière au SV Sandhaussen en 1982. Trois ans après, il a fait le grand saut en rejoignant le Bayern Munich où il va passer cinq ans (1985-1990) avant de s’en aller pour Cologne (1990-1993) puis de terminer au Victoria Bammental (1994-2000).
Ses premiers pas en tant qu’entraîneur
Après avoir arrêté sa carrière de joueur, cet ancien milieu de terrain a entamé celle d’entraîneur dans la foulée passant cinq saisons à Hoffenheim (200-2005) avant d’être pioché pour être adjoint au RB Salzbourg l’année d’après. Mais cela n’a pas duré puisqu’il a répondu à l’appel de son pays et de Joachim Löw en 2006 pour être l’adjoint de ce dernier sur le banc de la Mannschaft avec laquelle il va remporter la Coupe du monde 2014 au Brésil en battant l’Argentine de Lionel Messi en finale (1-0) sur un but de Mario Götze. Après d’autres expériences de directeur sportif de l Fédération Allemande (DFB) (2014-2017) et de directeur sportif de Hoffenheim (2017-2018), il va revenir au Bayern Munich pour être l’assistant de Niko Kovac en 2019. Mais au bout d’une saison poussive pour le Croate qui a démarré la seconde aussi de façon laborieuse, Hansi Flick a été promu n°1 pour assurer l’intérim avant que le Rekordmeister ne trouve un nouvel entraîneur. Mais il va finir par se mettre tout le monde dans la poche à travers ses principes de jeu et les résultats probants qui suivaient.
Tactique et principes de jeu
Hansi Flick viendra bouleverser une partie de la tradition au FC Barcelone avec sa prise de fonction. Le club blaugrana qui a toujours été fidèle à son tiki-taka va passer sous une autre formule avec l’Allemand qui prône un jeu plus rapide, vertical et donc toujours porté vers l’avant avec de l’intensité dans les transitions. C’est la caractéristique principale de la tactique du technicien de 59 ans qui a pour formation préférentielle le 4-2-3-1.
Dans son animation, Hansi Flick a toujours insisté sur la présence d’un n°6 très technique et solide physiquement (Joshua Kimmich au Bayern). Un pivot qui est capable de s’infiltrer dans l’axe pour permettre aux centraux de s’excentrer et faire avancer les latéraux dans une position plus haute. C’est d’ailleurs avec lui que le Canadien Alphonso Davies est devenu le joueur accompli qu’il est aujourd’hui et qui plaît au Real Madrid. Sur le plan offensif, l’occupation des half-spaces par les attaquants donne le large aux latéraux qui montent pour créer le surnombre dans la moitié de terrain adverse.
Si on retrouve un peu du Guardiola sur cet aspect, Flick a une approche défensive propre à lui. Celle-ci est subdivisée en deux avec un premier pressing intense sur la relance de l’adversaire. Les joueurs offensifs se chargent donc de fermer les lignes de passes vers les joueurs de couloirs adverses, obligeant le gardien à faire une relance pleine axe (ce qui est suicidaire) ou d’allonger loin devant avec là aussi une faible probabilité de conservation.
Dans sa moitié de terrain, Hansi Flick demande à ses joueurs plus de solidarité avec deux ou trois joueurs pour harceler le porteur du ballon qu’on essaie d’obliger à passer par des redoublements de passes latérales qui sont bien moins dangereuses que celles verticales qui cassent les lignes et exposent son équipe. Pour ce faire, il met toujours un accent particulier sur la condition physique comme on a pu le voir avec les transformations physiques de Robert Lewandowski, Leon Goretzka et Alphonso Davies un an après sa promotion en n°1. Sa touche sur cet aspects où les différents staffs qui se sont succédés ces dernières années au Barça ont échoué avec des pépins physiques réguliers pour des jeunes joueurs comme Ansu Fati ou encore Pedri, va être scrutée de près.
Leon Goretzka, was hast du mit Alphonso Davies gemacht? 🧐💪#SkySport #Davies #Transformation pic.twitter.com/yl80PB3UZh
— Sky Sport (@SkySportDE) August 5, 2021
Un bon manageur et sérial gagnant
L’autre atout de Flick en tant qu’entraîneur est sa proximité avec ses joueurs. L’Allemand met les joueurs au cœur de son projet et après bien la tactique et les consignes que ces derniers suivront pour faire les résultats. C’est en utilisant cette méthode qu’il a su redonner confiance et relancer un Bayern Munich en plein doute en 2018 pour gagner le sextuplé en 2020 en éliminant au passage…le Barça qu’il a humilié 8-2 au Camp Nou en huitième de finale.
Philipp Kessler, journaliste spécialiste du Bayern Munich pour Bild, a salué l’impact que le technicien de 59 ans a eu sur le club bavarois en si peu de temps : «Flick a brisé les chaînes, il a délié le Bayern. Alors que l’approche de Kovac était basée sur la prudence et la pensée défensive, Flick a mis l’accent sur l’attaque rapide et la pensée offensive. En d’autres termes, il a ramené l’ADN du FC Bayern« , a-t-il déclaré dans des propos relayés par Foot Mercato.
En ce qui concerne son management du groupe, les joueurs y ont adhéré tout de suite et Thomas Müller lui avait d’ailleurs jeté les fleurs en 2020 avec une pique pour Niko Kovac en utilisant un exemple des plus drôles : « Si ta femme t’envoie faire des courses avec une liste, tu sais exactement quoi faire. Mais si elle ne te donne pas de consignes claires, alors il y a des chances pour que tu restes face aux rayons et que le repas ne soit pas réussi« , avait déclaré l’attaquant allemand qui fait partie des joueurs en qui reposent l’âme du Bayern Munich.
Un profil différent de Xavi
Sur son banc ou sur la ligne de touche, Hansi Flick est un entraîneur très calme et posé. Il n’est pas très démonstratif en bord de pelouse comme l’est son prédécesseur. Encore moins lorsqu’il faut contester une décision arbitrale. L’Allemand garde souvent son calme et sa sérénité en étant toujours lucide dans son discours, autre différence par rapport à la communication excessivement plaintive de Xavi Hernandez qui avait du mal à accepter les mauvaises performances de son équipe et admettre la supériorité de l’adversaire.
Flick est un homme posé mais qui peut faire flipper ses adversaire à travers ses résultats. Le passage raté sur le banc de la Mannschaft n’est qu’un accident de parcours et cela ne résume pas sa carrière. Au Barça, il a une vraie opportunité de se relancer et il en a hâte.