Les Comores ont joué les huitièmes de finale contre le Cameroun sans gardien de métier et ont été obligés d’utiliser un défenseur. Ceci, en raison de la Covid-19 qui a décimé leur équipe. Chaker Alhadhur, héros de la rencontre, a révélé les dessous d’une telle décision.
Chaker Alhadhur, le latéral gauche de l’AC Ajaccio, est devenu hier soir, gardien des Comores, c’était la première fois de son histoire et de celle de la CAN qu’un joueur de champ débute en position de gardien de but. Pourtant, il a assuré, même si en fin de compte, il a encaissé deux buts et les Comores éliminés (2-1).
Dans les colonnes du Parisien, le défenseur est revenu sur ses performances et comment cette décision a été actée.
“C’était un moment magique, exceptionnel. J’ai reçu un nombre incroyable de messages, que du positif, des remerciements. C’est là qu’on se rend compte qu’on a donné de l’espoir aux gens en leur montrant que dans la vie, rien n’est impossible. On était défavorisés, on a joué à dix et même si on a perdu, on a montré un beau visage” décrit le latéral gauche reconverti gardien le temps d’une soirée, avant de revenir sur sa décision de porter ce rôle de portier.
“Samedi soir, après avoir rejoint Yaoundé en avion, on a fait une petite séance d’entraînement ludique. On n’avait pas de gardiens. Et la première chose qu’on a faite, comme des gamins, c’est qu’on a fait des frappes et que chacun est allé aux buts à tour de rôle (…). Le dimanche, c’était plus sérieux. Le staff avait décidé de ne pas toucher à son onze de départ. Donc, cela ne pouvait être qu’un remplaçant. Celui qui est ressorti, c’est moi. Je n’ai rien demandé. Mais le staff a pensé que j’avais l’expérience pour pouvoir supporter cette pression, que je saurai commander la défense, jouer avec mes pieds (…). J’ai juste mis les gants lors d’un jeu réduit. Après, jusqu’à la dernière seconde, dans ma tête, je n’ai jamais cru que j’allais jouer gardien. Je me disais, ce n’est pas possible, c’est un 8e de finale de CAN quand même. C’est une histoire folle. Ce serait unique dans les annales du foot.”
Il n’a pas manqué de revenir sur ce pourquoi son numéro 3 était affiché avec du scotch : “Je n’ai pas eu le droit de porter le numéro 16 (celui de gardien). Donc on a mis mon numéro avec du scotch sur un maillot de gardien. C’était symbolique de cette soirée totalement folle”, avant de terminer par son ressenti après cette soirée définitivement hors du commun : “Mais vous savez, je suis naze (sic) comme gardien (éclats de rire)… Déjà, je suis tout petit (1, 72 m). Ce qui me sauve, c’est que je sais jouer avec mes pieds. Mais je n’ai pas compris pourquoi les Camerounais n’avaient pas essayé de frapper davantage de loin. Sur mes arrêts, ce n’était pas vraiment académique, comme celui où je fais main opposée, puis je me couche par terre… C’est marrant. Quand je regarde les vidéos, je suis mort de rire. Ça résume bien mon sentiment sur ce match. Je l’ai abordé comme ça : Amuse-toi, prends du plaisir… Et j’ai vécu ce moment magique.”