La sortie de Marcus Thuram n’a pas été bien accueillie de manière générale. Après avoir exprimé son opinion politique, Marcus Thuram a été réprimandé par les responsables de la fédération française de football.
En attendant d’entrer en compétition lundi dans le groupe D pour l’Euro 2024 face à l’Autriche (20H00), la France va devoir gérer une polémique. Une polémique née suite à la conférence de presse de Marcus Thuram samedi 15 juin. L’attaquant de l’Inter Milan convoqué en équipe de France, a attiré l’attention en dénonçant l’émergence d’un parti raciste dans son pays. Cette initiative a été applaudie par de nombreux observateurs, mais elle n’a pas été bien accueillie en interne.
Quelques heures après ces déclarations, la FFF (Fédération Française de Football) a diffusé un communiqué revenant sur le contexte politique : « Depuis le début de la semaine, les joueurs de l’équipe de France ont pratiquement tous été interrogés lors de leur passage en conférence de presse, sur les conséquences des résultats issus des urnes à l’occasion des élections européennes du dimanche 9 juin. Chacun d’entre eux a pu s’exprimer librement, selon ses propres convictions et sa propre sensibilité. Très attachée à la liberté d’expression et à la citoyenneté, la Fédération française de football s’associe au nécessaire appel à aller voter, exigence démocratique », peut-on lire dans le communiqué.
La FFF recommande la neutralité
Contrairement à ses coéquipiers de l’équipe de France qui ont abordé le sujet, le joueur de l’Inter Milan n’a pas seulement encouragé les gens à aller voter. Il a explicitement déclaré qu’il fallait stopper le RN (Rassemblement National) connu pour ses déclarations racistes. Cette prise de position a été mal vue par sa direction. Dans la soirée de samedi, la FFF a publié un communiqué stipulant que la « neutralité politique soit respectée » et que « l’équipe de France ne doit pas être utilisée politiquement ».
Ce message de la FFF s’adresse autant à Thuram qu’aux journalistes qui posent des questions sur le sujet à chaque conférence de presse depuis le début du rassemblement. Il vise à éviter « toute forme de pression » à cet égard.
Origine de la polémique
À l’approche des élections législatives prévues pour le 30 juin et le 7 juillet après la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la république française Emmanuel Macron, le Rassemblement National connaît une montée en popularité. Cette ascension est source d’inquiétude pour plusieurs personnes, dont Marcus Thuram, qui a exprimé clairement sa position à ce sujet.
« Je pense que la situation est triste, très grave, a-t-il déclaré devant les médias. J’ai appris ça (la victoire du RN aux européennes, ndlr) après le match contre le Canada. On était un peu tous choqués dans le vestiaire. Il faut dire à tout le monde d’aller voter, se battre au quotidien pour que le RN ne passe pas », a ajouté l’attaquant de 27 ans.
« Ce n’est pas assez de dire qu’il faut aller voter, il faut expliquer comment on en est arrivés là. Je ne vais pas citer d’émission en particulier mais quand j’allume ma télé, je me dis que c’est fait pour que la montée du RN arrive », a complété Marcus Thuram, fils de l’ancien champion du monde 1998 Lilian Thuram.
Lilian et Marcus Thuram, tel père tel fils
Cette lutte contre le racisme de Marcus trouve ses origines notamment auprès de son père, Lilian. En effet, membre du Haut Conseil à l’intégration dès 2002, alors qu’il était encore joueur, l’ancien défenseur artisan de la qualification de la France en finale du Mondial 1998 avec ses deux buts contre la Croatie en demi-finale, est un ardent défenseur de la lutte contre les discriminations.
Un engagement notable s’est manifesté en 2006, lors du Mondial en Allemagne. Lilian Thuram avait pris la parole pour répondre à Jean-Marie Le Pen, alors président du Front National, précurseur du RN : « Si vous le croisez, dites-lui que nous sommes fiers d’être Français. Vive la France. La vraie. Je veux dire : celle qui existe », avait-il répliqué à l’homme politique qui critiquait le nombre jugé excessif de joueurs noirs dans l’équipe nationale française.
En claire, le fils ne fait que marcher sur les traces de son papa.