Le Nigeria a connu des générations dorées qui se sont succédées au fil des années. Celle du début des années 90 a permis de révéler des joueurs comme Taribo West. Célèbre défenseur, rapide, technique, rugueux et imperturbable dans le marquage individuel, Taribo West a connu une reconversion atypique. Des pelouses, il est désormais sur la chaire de pasteur d’une congrégation évangélique dans son pays. Après un bref aperçu de sa carrière de joueur, nous aborderons par la suite sa nouvelle vie d’homme de Dieu.
Auxerre, le début de l’ascension
Ce fut le premier club de Taribo West en Europe. Le Nigerian a débarqué sur le vieux continent et plus précisément à Auxerre à 19 ans. Il a fait ses preuves notamment sous l’impulsion de Guy Roux qui lui donna sa chance en Ligue 1. Très vite convaincant, il a gagné une place de titulaire. L’homme au mèches de couleurs vertes (en référence à la couleur verte du maillot du Nigeria), a réalisé le doublé en 1996 et atteint les 1/4 de finale de la Ligue des Champions la saison suivante. Mais le club bourguignon a été éliminé par le Borusssia Dortmund (1-3, 0-1). Le club allemand a finalement remporté la compétition. De 1993 à 1997, Taribo West a disputé environ 102 matchs avec Auxerre. Il rejoint la Serie A après cet aventure française.
L’Inter Milan, la consécration pour Taribo West
Avec son style de jeu, il s’est très vite adapté au football italien. Avec les Nerazzurri il remporte en 1998 à Paris la Coupe UEFA. En deux saisons (1997 – 1999), il a livré 64 matchs pour deux buts. Le natif de Lagos a joué avec de grands joueurs comme Zanetti, Ronaldo Nazario, Diego Simeone. Le premier cité garde de lui de très belles anecdotes. “Une année, il avait disparu tout le mois de janvier. “On l’avait cherché et il était revenu le 1er février. A son retour, il m’avait dit : “Capitaine, je me suis marié. Dans mon pays, ça marche comme ça, c’est un mois de vacances.” Il était unique, a indiqué l’Argentin. Il y a aussi eu cette fois où il nous avait invité pour son anniversaire vers 19h. Quand on était arrivés, il avait commencé à prier. Une heure, deux heures, trois heures… Nous avions incroyablement faim ! Mais l’anniversaire s’était terminé comme ça. Au final, nous étions partis sans manger”, a déclaré l’Argentin. À partir de 1999, il parcourt le monde du football, changeant souvent de club et de pays. Il termine sa carrière en Iran, au Paykan Tehran FC.
Taribo West ou la malchance avec les Super Eagles
Avec des joueurs comme Jay Jay Okocha, Nwanko Kanu, Victor Ikpeba, Sunday Oliseh, Taribo West formait la colonne vertébrale des Super Egales. Cette belle génération, malgré le talent n’a gagné qu’une seule grande compétition : la médaille d’or aux Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996. La suite a été une succession de malchance pour Taribo West et ses contemportains qui ont été très proche d’un sacre en Coupe d’Afrique des Nations mais sans jamais y arriver (finalistes de le CAN 2000, 3e de le CAN 2002). De plus, ils ont été 8es de finalistes de la coupe du monde 1998. Il totalise 42 sélections avec les Super Eagles entre 1994 et 2005.
Taribo West, devenu pasteur !
West a fondé Shelter In The Storm Miracle Ministries of All Nation en 2014. Le défenseur central d’antan a désormais une vie dédiée à Dieu. Parti du fait qu’il était dans l’ignorance car faisant des pratiques occultes avant les matchs, il a été transformé par un évangéliste nigérian. “Du temps de ma carrière, lorsque j’étais dans l’ignorance, j’avais l’habitude de recourir à des mallams et des babalawos (médecins traditionnels) afin qu’ils fassent des fétiches pour nous, que nous emmenions au camp de l’équipe nationale. Parfois cela marchait, parfois non. Dans certains clubs, avant chaque match, le président vous donne un fétiche porte-bonheur pour jouer. Ils vous disent de le mettre dans les chaussures ou les chaussettes. Il y a des entraîneurs qui font appel aux sorciers africains et aux voyants du Sénégal, du Burkina Faso, du Congo et même du Nigeria. Cela marche pour ceux qui y croient. Je l’ai vu, j’en ai fait l’expérience. J’ai été avec les joueurs qui l’ont utilisé et je l’ai utilisé. Donc, pourquoi les gens le nient ? Il y a des fétiches et des rituels dans le football. Cela existe toujours”, avait-t-il révélé dans le magazine Punch.
Mais la nouvelle naissance s’est produite lors d’une rencontre d’abord avec un homme de Dieu et ensuite avec Dieu lui même. “Le déclic a eu lieu lorsque j’ai croisé l’évangéliste Patience Ikemefuna, à Milan. Dieu l’a utilisé pour changer ma vie, qui n’est désormais plus la même. J’ai rencontré Dieu et je suis né de nouveau. J’ai découvert que les pouvoirs mystiques sont en fait impuissants. C’était juste un moyen de nous prendre de l’argent. J’étais dans l’ombre”, confie-t-il.
Adversaire redoutable que Thierry Henry a affronté dans sa carrière, Taribo West lutte aujourd’hui pour que la génération actuelle n’utilise pas la sorcellerie pour leur pseudo évolution dans le football. Il passe son temps pour prêcher la Parole de Dieu.