Pour qu’un sportif fasse de très bons résultats, il lui convient d’avoir une bonne santé physique mais aussi mentale. Lors des compétitions majeures dans plusieurs disciplines, on remarque parfois que certains athlètes craquent et passent à côté de leur tournoi (manque de confiance, fatigue psychologique,…). Nous avons rencontré Grégory Boulicaut, coach et préparateur mental pour évoquer l’aspect mental de la préparation des athlètes pour les Jeux Olympiques de Tokyo.
Infos sport : Grégory Boulicaut, veuillez-vous présentez à nos lecteurs
Grégory Boulicaut : «J’ai 49 ans, je suis exécutive coach HEC et préparateur mental. J’accompagne des femmes et des hommes dans l’optimisation de la performance en entreprise et en sport. J’ai créé un collectif de coaches et préparateurs mentaux « GB Consulting Partners » qui interviennent sur tout le territoire français »
Pouvez-vous nous parler de la préparation mentale ?
«La préparation mentale d’un athlète est un entrainement qui vise à développer les différentes habiletés mentales et cognitives dans le but d’améliorer sa performance tout en promouvant le plaisir de la pratique et l’atteinte de l’autonomie. Son objectif est d’optimiser les performances de l’athlète en préservant son épanouissement. Nous intervenons dans une quinzaine de sports du niveau amateur jusqu’au niveau professionnel»
Sur quels aspects de la vie d’un athlète travaille un préparateur mental ?
«Au même titre que le travail technique, physique, ou encore tactique, la préparation mentale est une des composantes de la performance. Dans ce cadre son travail est important afin d’aider l’athlète à mieux gérer ses émotions, à développer la maitrise de soi ou encore la confiance en soi par exemple. Le préparateur va inviter le sportif qu’il accompagne à travailler sur différents sujets en fonction de sa demande et de ses besoins »
Comment se déroule un accompagnement en préparation mentale ?
« En général, le travail avec un athlète se déroule sur une saison ou dans le but d’une date ou d’une compétition spécifique. Tout d’abord, le préparateur va chercher à identifier avec le sportif sa demande précise dans le cadre de son accompagnement en préparation mentale. Le sportif et son accompagnateur vont ensuite co-construire des objectifs et identifier des indicateurs afin de pouvoir démarrer concrètement le travail. Dans un troisième temps, le préparateur va structurer son accompagnement sur une dizaine de séances avec une fréquence d’une à deux fois par mois. Pour ce faire, il pourra introduire différents outils (questionnaires, tests, ou encore apprentissage de techniques (de respirations ou de relaxation par exemple) en fonction des besoins qu’il aura identifiés au préalable »
A moins d’un mois des jeux olympiques de Tokyo, que peut apporter un préparateur mental aux athlètes ?
« De nombreux athlètes tous sports confondus travaillent aujourd’hui cet aspect mental, avec des coaches, préparateurs mentaux ou encore psychologues du sport. Ce type d’accompagnement se démocratise dans le monde professionnel mais est encore en simple découverte dans le monde amateur. En France, nous sommes en retard par rapport aux pays Anglo-Saxons mais on observe depuis 6 ans chez GB Consulting un intérêt de plus en plus jeune sur cette pratique. Pour répondre un peu plus précisément à votre question, je fais l’hypothèse que le préparateur aura travaillée depuis un certain temps sur les objectifs du sportif en essayant de les coordonner avec lui, à court, moyen et long terme. Dans son accompagnement il se sera assuré de mettre autant que faire se peut l’athlète en autonomie dans l’approche de sa compétition. Il me paraît important de préciser que le préparateur n’a pas de baguette magique et ce n’est évidemment pas dans le dernier mois que cela se joue »
Pensez-vous qu’il soit possible sans préparation mentale de prétendre à une médaille olympique ?
« Aujourd’hui de nombreux pays ou fédérations ont intégré l’aspect mental dans leurs préparations. Certains pays collaborent depuis des dizaines d’années avec des spécialistes de l’accompagnement, c’est plus récent en France. Cependant ce travail n’assure pas systématiquement une réalisation de performance. Il me paraît donc possible de prétendre à une médaille sans préparation mentale, mais dans ce cas je fais l’hypothèse que le sportif aura lui-même essayé de régler les différents sujets afin de s’assurer d’exploiter son potentiel et sa performance. Je veux rappeler que chaque athlète est différent et donc que chaque situation est spécifique »
Nous avons vu Naomi Osaka soulever le problème de la pression médiatique lors du dernier Roland Garros, quel est votre avis sur la question ?
« Dans cet exemple de nombreux facteurs interférent dans le quotidien de Naomi. Sa notoriété et sa réussite ont changé brutalement, ce qui a considérablement modifié son environnement qui est un des éléments à maîtriser afin de se mettre dans les meilleures conditions de performance. La pression peut également venir du regard des autres par exemple ou de la sphère médiatique. Dans ce type de situation il est important que l’athlète se préserve en rentrant dans une bulle protectrice et personnelle et en étant accompagné. Je la trouve courageuse d’évoquer sa souffrance qui servira certainement à d’autres athlètes à prendre conscience de ce besoin d’être accompagné et de se préserver avant tout »
Quel sportif vous impressionne par son mental ? Et pourquoi ?
« Le tennisman Serbe Novak Djokovic est pour moi un athlète qui a intégré il y a très longtemps la préparation mentale comme un réel outil de performance. Sa devise est la suivante, «On ne nait pas champion on le devient ! ». C’est quelqu’un qui a énormément travaillé sur le développement de ses habiletés, pour exemple, il mange dans le noir, les yeux bandés, afin de développer le seul sens continu que nous avons, l’ouïe son objectif étant de pouvoir capter des informations au touché de balle ou au rebond avant son adversaire. Il a travaillé avec différents préparateurs, coaches ou psychologues du sport. Il dit être très assidu dans sa pratique. On l’a encore une fois vu lors du dernier Masters 1000 de Monte-Carlo, durant lequel il a été filmé, seul, en pleine séance de visualisation mentale. Je pense qu’il a compris depuis de nombreuses années l’intérêt et la puissance de travailler son mental pour performer »
Merci pour cette interview, une dernière question, si nos lecteurs souhaitent découvrir la préparation mentale comment vous contacter ?
« Notre équipe GB Consulting Partners est composée de coaches et préparateurs mentaux certifiés et/ou diplômés, nous intervenons dans toute la France. Vous pouvez nous contacter sur les réseaux GB Consulting, Instagram, Facebook, YouTube ou encore Linkedin »